US Open: Zverev, métamorphose en cours
Sa médaille d’or olympique, plus belle récompense de sa carrière glanée à Tokyo, en éliminant au passage Novak Djokovic en demi-finale, semble avoir changé Alexander Zverev, qui en tire un surplus de confiance et rêve de faire aussi bien à l’US Open.
L’Allemand (4e) est, sur la route de la finale, le principal rival du Serbe N.1 mondial, en quête d’un Grand Chelem calendaire historique. Statut assumé avec une grande maîtrise de soi, en 8e de finale lundi, aux dépens de l’Italien Jannik Sinner (16e), écarté sans trembler 6-4, 6-4, 7-6 (9/7).
Voilà Zverev, qui n’a pour l’heure lâché qu’un set en route à Flushing Meadows, au tour précédent contre le cogneur américain Jack Sock, sur une série vertueuse de 15 victoires. Laquelle a commencé aux JO, avant de se poursuivre il y a deux semaines à Cincinnati, où il a empoché le cinquième Masters 1000 de sa carrière, à 24 ans.
Davantage peut-être que sa forme resplendissante, c’est la grande confiance affichée à New York qui impressionne, avant son quart de finale contre le Sud-Africain Lloyd Harris (46e).
De son propre aveu, le point de bascule s’est produit en demi-finale des Jeux de Tokyo, où il a renversé une situation compromise, mené un set à zéro avec un break de retard au deuxième, pour battre Djokovic, privant ce dernier d’une médaille d’or que beaucoup lui promettaient pourtant.
Il sait « quoi faire »
« Le match contre Novak m’a beaucoup servi, car je n’étais pas dans le coup depuis le début du match », a-t-il expliqué lundi en conférence de presse. « Revenir contre le numéro un mondial comme je l’ai fait, et gagner 10 jeux sur 11 après avoir été mené d’un break dans le deuxième set, ça m’a apporté quelque chose que j’espère pouvoir continuer à saisir ici ».
Ce « quelque chose », c’est évidemment la confiance.
Face à Sinner, elle ne l’a pas fui, même quand la fin du troisième set laissait un peu de place au doute, et que le public du Arthur Ashe, toujours friand de voir un outsider titiller un favori, poussait pour que le match dure plus longtemps.
Débreaké alors qu’il menait 3-1, Zverev a ainsi dû sauver cinq balles de set, deux à 5-4, puis trois autres dans le jeu décisif, en s’appuyant notamment sur des revers long de ligne gagnants, un de ses coups favoris, et aussi un excellent service, secteur où il dit avoir progressé depuis Tokyo.
« Les joueurs qui ont confiance en eux savent quoi faire dans ces situations », a-t-il dit, tendant à convaincre, même si le contexte d’un 8e n’a rien à voir avec celui d’une finale, qu’il sait donc faire et qu’il a passé un cap sur le plan mental.
Fantômes de 2020
Chercher des coups difficiles dans les moments-clés, « ça s’est construit avec le temps, après beaucoup de matches dans beaucoup de tournois », a ajouté Zverev, qui a toujours en tête sa terrible désillusion de l’an passé en finale à Flushing Meadows.
Il était passé à deux points de remporter un premier sacre Majeur, finalement renversé par l’Autrichien Dominic Thiem, en cinq sets. Et depuis le début de la quinzaine à Flushing Meadows, l’Allemand, qui n’a évidemment toujours pas digéré, chasse les fantômes sur le Arthur Ashe, où il est le plus souvent programmé.
« Ç’a été douloureux. Je m’en souviens encore à chaque pas que je fais sur ce court. Je m’en sers comme motivation », confiait-il la semaine dernière, après sa victoire au 2e tour.
Passé cette confession, Zverev l’assure, il est bien dans ses tennis: « Je suis heureux où je suis, je suis heureux de la façon dont les choses se passent ».
Et il ne semble pas perturbé par les accusations de violences conjugales provenant de son ancienne petite amie Olga Sharypova, qui n’a jamais saisi la justice, mais les a réitérées auprès d’un journaliste américain avant le tournoi.
« Je n’ai pas de copine actuellement », a-t-il confié lundi de façon surprenante. Avant d’ajouter: « Alors, je dors toujours avec ma médaille d’or, ça compense. Et puis comme ça, je n’oublie pas ce que j’ai fait à Tokyo ».