"On se baladait avec trois appareils photo, un ballon de foot et c'est tout"
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Nabil : Un jour, j’étais à l’aéroport en Algérie et je ne savais pas quoi faire en attendant mon vol, alors j’ai transformé un journal en ballon comme n’importe qui a déjà pu le faire, avec une paire de chaussettes par exemple. Et là, je me suis dit que ce serait une bonne idée de faire un magazine, avec un contenu intéressant, que l’on pourrait transformer en ballon. On voulait se concentrer sur le foot amateur de Nouvelle-Aquitaine, notre région, et on est également parti sur un onze spécial « joueurs du terroir qui ont évolué aux Girondins de Bordeaux et en équipe de France » . On a chapoté le concept nous-mêmes avec Edouard, Charles, mon associé chez Toss Up Media, et le collectif Kloudbox. Pendant le dernier confinement, on a vadrouillé dans la région pour prendre des photos en allant là où les joueurs avaient grandi. On se baladait avec trois appareils photo, un ballon de foot et c’est tout. Enfin, pour le lancement, on a fait une expo pendant l’Euro à Bordeaux. On a transformé une salle en vestiaire et recréé l’ambiance du foot amateur. On a installé des plots, des crampons sales, du gazon et même des vieilles chaussettes qui puent. On avait aussi monté une buvette pour que les gens puissent assister au match de l’Euro. C’était vraiment cool.
On a vraiment cette idée de cross-over entre le foot amateur, avec vos idées, et pro, avec les joueurs que vous avez choisis…
N : Complètement. On a quand même un terroir assez riche, des joueurs qui ont brillé au plus haut niveau et rendu notre région fière. De là, on a fait chauffer nos réseaux pour contacter des joueurs, retraités ou non. Philippe Bergeroo a adoré l’idée, Alain Giresse aussi. D’ailleurs, Giresse nous a appris qu’à l’âge de quatre ans, il jouait déjà avec Jean-François Domergue, puisque leurs pères respectifs évoluaient ensemble au Sporting Club de la Bastidienne. Ils tapaient le ballon ensemble au bord du terrain pendant que les papas jouaient. C’est dingue parce qu’ils se sont retrouvés aux Girondins et en équipe de France.
E : L’interview de Bergeroo est top d’ailleurs, parce que tu comprends qu’il est arrivé « par accident » dans le milieu du football. C’était un joueur de rugby, et un jour, il a remplacé un gardien de but d’une équipe de potes qui jouait un tournoi. Il avait le profil apparemment.
Le pan principal de votre magazine est finalement une sorte d’ode au football amateur…
N : On s’est dit qu’il fallait aller chercher du côté des portes des vestiaires d’arbitres, des bancs ou encore des fameuses brosses pour nettoyer les crampons, le must du foot amateur.
E : Quand tu penses foot amateur, il y a des choses qui te viennent forcément en tête. Donc plutôt que de mettre uniquement des photos de stades, on a voulu mettre en avant des socles du foot amateur, comme les bancs de touche qui sont tous différents d’un stade à un autre, les brosses, qui peuvent être propre pour l’une et éclatée pour l’autre, ou encore les projecteurs bousillés.
N : Edouard a aussi eu l’idée sur des pages du mag de mettre des punchlines qu’on entend au bord du terrain chaque week-end dans le monde amateur. Elles existent aussi chez les pros, mais elles sont beaucoup plus funs chez les amateurs.
Si vous deviez retenir quelque chose du monde amateur, ce serait quoi ?
E : J’associe surtout le foot amateur aux seniors de 35/40 ans, les vétérans… Et cette proximité entre les joueurs, les acteurs d’une rencontre et les spectateurs. Il y a zéro tactique sur le terrain, c’est un peu n’importe quoi, mais c’est génial.
N : Ce qui me vient à l’esprit en premier, c’est le nombre de bénévoles. Ce sont eux qui font vivre les clubs. Et puis la collation d’après-match évidemment. Même si t’as pris une taule, tu partages le verre et la bouffe tous ensemble, tu accueilles le club visiteur avec le saucisson, le camembert, le pain, les sodas… C’est hyper beau, ce geste de fraternité avec l’équipe que tu as affrontée.
Vous avez pratiqué le football au niveau amateur ?
N : Personnellement j’ai pas mal joué au foot à onze, puis je me suis fait la blessure classique : les croisés. Mais je me suis nourri du football amateur, que ce soit en Algérie où j’ai évolué quelques années, ou en France.
E : Pour ma part, je me suis arrêté avant de passer sur grand terrain. Je n’ai pas connu ces premières années à être essoufflé en jouant sur le grand terrain.
Avec vos expériences personnelles, le fait d’avoir fait ce tour des stades amateurs pour le mag, ça fait forcément ressortir des souvenirs ?
N : À chaque fois qu’on arrivait sur un terrain, ça me rappelait quand j’enfilais les buts avec les clubs de la région, le rituel de taper les crampons contre le sol avant d’entrer sur le terrain, l’arbitre qui vérifie si c’est bien ta licence et pas celle d’un autre mec… D’ailleurs, j’ai un souvenir qui remonte. Une semaine, j’avais été puni parce que j’avais séché les entraînements, du coup je devais évoluer avec la B ou la C. Le jour du match, j’arrive en retard en mode incorrigible. Je n’étais pas mauvais, j’étais le 9, la bonne tête à claques. C’est moi qui donne le coup d’envoi, je fais la passe à mon pote, qui envoie direct le ballon en touche. Et là, le coach me sort. La honte ! Je ne savais pas du tout qu’il allait faire ça, surtout que je m’étais échauffé, j’avais participé à la causerie, et je sors à la première minute. Je ne suis plus jamais arrivé en retard !
E : Pour ma part, je m’étais fritté avec un autre joueur à l’entraînement chez les minimes, un gars qui m’avait un peu cherché. Le week-end qui arrivait, on affrontait l’équipe B des Girondins en coupe. Et quand t’es gamin, même si tu sais que tu vas prendre une valise, jouer les Girondins, c’est un peu le graal. Sauf que ma sanction a été de manquer ce match, d’autant que mon équipe avait finalement gagné 1-0. Terrible.
Pour en revenir au MAGBALL, comment jugez-vous votre premier numéro ?
N : Il y a ce côté un peu structurel, graphique avec des stades, des bancs, des portes, des poteaux… Après coup, ça manquait peut-être un peu d’humain, de geste. D’ailleurs, petit scoop : le prochain numéro devrait se faire en collaboration avec la Ligue de Nouvelle-Aquitaine qui a adoré le projet, avec l’idée de faire un focus sur des clubs de district qui font du foot des neiges, dont le principe est d’aller en altitude, planter deux buts et jouer au foot. On veut aussi mettre en avant les rivalités entre les clubs basques, béarnais… Et deuxième exclu : pour le prochain numéro, on a l’idée d’ajouter un bandeau qui expliquerait brièvement de quoi parle le magasine et que l’on pourrait détacher pour le transformer en brassard de capitaine. On garderait la sobriété de la couverture et on rajouterait un petit accessoire cool.
Vous avez testé le ballon MAGBALL en situation de match ?
N : Bien sûr ! Crois-moi, on a fait des sacrés matchs avec. Il est vraiment résistant.
E : On en a un ici, au bureau. De temps en temps, ça fuse d’un coup, tu manques de te le prendre en pleine tête.
Mais du coup, à quand un tournoi MAGBALL avec votre ballon ?
N : Ah ça, ce serait génial. À la fin de l’expo, j’avais balancé des ballons dans la foule, et c’est parti en concours de petit pont. On a aussi fait des concours de jongles. J’avais enfin l’idée de passer un ballon à un freestyler pour qu’il fasse quelques tricks avec. Mais pourquoi pas un tournoi, c’est pas con ! En revanche, il faudra un petit stock, comme au tennis. (Rires.) Ou alors jouer pied nu.
Bergeroo et Giresse ont apprécié le magazine ?
N : Bergeroo oui, il a adoré et nous a remerciés qu’on raconte l’histoire de son club. Pour Giresse en revanche, j’ai complètement oublié de lui envoyer le numéro ! Il faut vraiment que je le fasse.
Et vous savez si Bergeroo a essayé d’arrêter des « frappes MAGBALL » ?
N : Je ne lui ai pas demandé, mais j’avais envoyé deux exemplaires au cas où ! Et je suis certain qu’il les aurait tous arrêtés, en grand gardien qu’il est.
Propos recueillis par Fabien Gelinat
Toi aussi tu veux ton MAGBALL ? Alors c’est par ici, ou directement à la librairie Mollat de Bordeaux.
Crédits photos : Francis Holster et Nabil Bellahsene
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