« Une vitrine fantastique pour la F1 »: avec ses tribunes pleines du vendredi au dimanche, le premier Grand Prix des Pays-Bas depuis 36 ans a donné l’image d’un sport populaire, à l’instar des monuments que sont la Grande-Bretagne et l’Italie.
Une bonne nouvelle dans un calendrier en constante expansion et dont les nouveaux rendez-vous ne font pas toujours un carton.
« Si vous regardez l’épreuve dans son ensemble, nous pouvons nous accorder à dire qu’entre l’enthousiasme de la foule et tout le reste, c’était génial. En tant que discipline, nous devons être fiers d’avoir ce genre d’événement », se réjouit ainsi le directeur de course Michael Masi.
« Le public était dingue tout le week-end. Je ne crois pas avoir déjà vu ça… Enfin, les spectateurs britanniques restent mes préférés, mais l’énergie ici était hallucinante », ajoute Lewis Hamilton, 2e du GP derrière le héros néerlandais Max Verstappen.
« Là où ce circuit est probablement meilleur que Silverstone », estime le Britannique, « c’est que là-bas les tribunes sont très loin. Il faut des jumelles pour nous voir. Alors qu’ici, les spectateurs sont presque sur la piste, comme au bon vieux temps. Nous avons peut-être besoin de ça ailleurs pour attirer les foules. »
« Comme au bon vieux temps », fut d’ailleurs le refrain du week-end, les pilotes ne tarissant pas d’éloges sur une piste « old school » et originale.
« Vraiment être en confiance »
Visité par la F1 entre 1952 et 1985 et rénové pour retrouver sa place au calendrier, le circuit de Zandvoort, tracé dans les dunes au bord de la mer du Nord, propose un défi unique avec ses virages inclinés.
Du fait de sa vitesse et de son étroitesse, la moindre erreur de pilotage s’y paye cher, terminant souvent par un choc dans les barrières de sécurité.
« Il faut vraiment être en confiance dans la voiture », raconte le Mexicain Sergio Pérez. « C’est aussi un vrai challenge physiquement parce que vous avez beaucoup de virages à droite successifs. C’est très différent des circuits sur lesquels nous nous sommes rendus jusque-là. »
Principal bémol –et pas des moindres, surtout pour les téléspectateurs–, le tracé offre très peu d’opportunités de dépassement, d’où une course sans saveur aux avant-postes dimanche, jouée à la stratégie, sans affrontement direct.
« La dégradation des pneus est assez limitée (et le différentiel de vitesse selon leur ancienneté est faible, ndlr), et les derniers virages ne permettent pas de dépasser au N.1 », analyse Esteban Ocon. « Donc, il ne reste que le virage N.3 pour doubler, et il n’est pas idéal pour ça. »
Pour le Français, avancer la « zone DRS » (dans laquelle les pilotes peuvent modifier la forme de leur aileron arrière pour gagner en vitesse et se rapprocher de leur devancier) placée sur la ligne droite des stands pourrait permettre plus de manoeuvres dans la première courbe.
Jouer la sécurité
C’était initialement le plan, avant que la Fédération internationale de l’automobile (FIA), responsable de la sécurité des GP, ne décide de jouer la prudence pour cette première course.
Pour les mêmes raisons, les pneus proposés aux équipes étaient aussi les plus durs (et les plus durables) de la gamme de Pirelli.
Des options moins conservatrices sont envisageables pour l’avenir, indique Masi, alors que Zandvoort et la F1 ont un contrat de trois ans, avec une option pour deux éditions supplémentaires.
L’an prochain, qui plus est, ce sont de nouvelles monoplaces qui prendront la piste, que les organisateurs du championnat promettent plus à même de se suivre et de s’attaquer.
On attend aussi de savoir si le GP — dont l’impact écologique est critiqué localement — aura lieu début mai, comme prévu initialement en 2020 (avant d’être reporté à cause du Covid-19), ou de nouveau début septembre.
Si cette première édition s’est tenue sous le soleil, la deuxième pourrait tout aussi bien se faire sous des températures moins douces ou sous la pluie, rappelait dimanche un journaliste néerlandais. Auquel cas ce serait encore un autre défi.