Enfin au sommet de la Formule 1: l’espoir britannique George Russell fera ses débuts chez Mercedes en 2022, avec le privilège et la responsabilité de préparer l’après Lewis Hamilton.
« C’est une énorme opportunité et je veux la saisir à deux mains. Mais je ne me fais pas d’illusion quant à l’ampleur du défi ; la courbe d’apprentissage sera abrupte », affirme le jeune homme, dont on attend qu’il contribue à apporter toujours plus de titres mondiaux à la marque à l’étoile, au moins dans un premier temps chez les constructeurs.
Vis-à-vis de son compatriote Hamilton, qu’il « admire » depuis longtemps, Russell joue aussi les modestes: « L’opportunité d’apprendre de quelqu’un qui est devenu un modèle à la fois sur et en dehors de la piste ne peut que m’être bénéfique en tant que pilote, que professionnel et qu’être humain. »
Mais la saison prochaine (où de toutes nouvelles monoplaces entreront en piste), c’est bien le présent de la catégorie reine du sport auto qui se confrontera à son avenir chez Mercedes.
D’un côté, Hamilton, qui a eu 36 ans le 7 janvier, septuple champion du monde en quête d’une huitième couronne inédite et sous contrat jusqu’en 2023. De l’autre, Russell, 23 ans le 15 février, arrivé en F1 en 2019 chez Williams, alors en pleine débâcle, et désormais promu « avec un contrat à long terme ».
Le paddock se demande si le jeune loup est l’équipier qui parviendra enfin à éclipser son aîné. Celui-ci a assorti son message de bienvenue d’un affectueux « bro », ajoutant que son nouvel acolyte avait « mérité sa place grâce à son travail ».
Maturité et sérieux
Depuis son arrivée chez Mercedes en 2013, le Britannique n’a été battu qu’en 2016 par l’autre côté de son garage, alors occupé par Nico Rosberg. Cela a coûté tellement de sacrifices à l’Allemand qu’il a pris sa retraite dès la fin de saison et le titre acquis.
Son remplaçant finlandais Valtteri Bottas, en partance pour Alfa Romeo la saison prochaine, n’est jamais parvenu à inquiéter l’Anglais.
Quels sont les atouts du nouveau challenger ?
Le grand George (1,86 m) étonne depuis longtemps par sa maturité et son sérieux. Adolescent, il s’est armé d’un costume et d’un Powerpoint pour démontrer à Toto Wolff qu’il fallait le recruter dans la filière de jeunes talents de Mercedes en 2017.
Cela a fonctionné et il a fait de même pour convaincre Williams de lui donner sa chance en 2019, après ses titres en GP3 et en F2 les années précédentes.
A titre de comparaison, Charles Leclerc, qui est déjà le présent de Ferrari, a remporté ces deux mêmes championnats un an avant Russell.
D’ailleurs, du quatuor d’espoirs qu’il forme avec le Monégasque de 23 ans, le Néerlandais Max Verstappen (23 ans/Red Bull) et Britannique Lando Norris (21 ans/McLaren), Russell était le dernier à attendre d’intégrer une écurie de pointe.
Plus que « Monsieur Samedi »
Comme tout bon pilote de F1, le jeune homme est rapide, intelligent et déterminé. Il est aussi méthodique, humble et émotif, fondant en larmes après avoir obtenu ses premiers points avec Williams au Grand Prix de Hongrie cette saison.
Dans son équipe actuelle, c’est surtout en qualifications qu’il brille (avec pour point d’orgue sa première ligne en Belgique, sous la pluie, fin août, suivie par une deuxième place en course), mais, pour son équipier Nicholas Latifi, l’Anglais est plus que « Monsieur Samedi ».
« Au-delà de sa vitesse pure, c’est sa capacité à tout bien faire dans son tour quand cela compte qui est impressionnante », affirme le Canadien. « Et il y a beaucoup de choses en dehors des +qualifs+ dans lesquelles il excelle: la gestion des petits détails en course, plein de choses périphériques. »
Car Russell a été brillant en remplaçant d’Hamilton, positif au Covid-19, lors du GP de Sakhir l’an dernier, se qualifiant deuxième avant qu’une série de mésaventures ne le prive de la victoire, Leclerc n’a « aucun doute qu’il sera dans le rythme dès le début » et « en impressionnera plus d’un ».
A commencer par Hamilton ? « J’ai été confronté à des équipiers incroyables, comme Fernando Alonso ma première année en F1, donc je n’ai pas l’impression d’avoir quoi que ce soit à prouver », répond l’aîné.
« Je suis dans une autre phase de ma vie. Ca m’enthousiasme de voir ces jeunes progresser. Je ne suis pas prêt à perdre contre l’un d’eux mais, en tant que fan, je suis heureux de voir ce sport évoluer(…) Ils sont féroces et je vois beaucoup de moi-même dans la jeune génération ».
Le message est passé. Tant pour Russell que pour Verstappen, contre qui la star de Mercedes se bat dès cette année pour le titre.