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Des défenses bien préparées
Depuis les incidents du 22 août, il a donc fallu attendre dix-sept jours pour voir la LFP enfin statuer sur ce match de la honte. Le temps pour chaque camp de bien préparer sa défense, avant de monter sur le ring pour un combat intense, de plusieurs heures, marqué par des échanges tendus selon les témoins. Il faut dire que pour l’occasion, Niçois et Marseillais avaient envoyé l’artillerie lourde à Paris. Le président Jean-Pierre Rivère – qui n’a cessé de rejeter la faute sur Dimitri Payet, victime à la base, rappelons-le – était entouré de son fidèle bras droit Julien Fournier, mais aussi du coach Christophe Galtier. Chez les Olympiens, en dehors du président Pablo Longoria, resté à Marseille mais présent en visio, c’est quasiment tout l’état-major qui était du voyage : Jorge Sampaoli, Pablo Fernandez, Jacques Cardoze, deux membres du service juridique, et même Dimitri Payet et Alvaro Gonzalez.
Pour accueillir tout ce beau monde (22 personnes ont été entendues), la LFP a même été obligée de délocaliser cette commission de discipline exceptionnelle dans un hôtel parisien du 15e arrondissement, les locaux de la Ligue étant trop petits. Un cadre idyllique pour accueillir une joute tendue dans une ambiance délétère, accentuée par quelques coups de pression politiques, à l’image de celui de l’adjoint aux sports de Marseille, Sébastien Jibrayel : « Je compte sur la LFP pour rendre une décision juste et vierge de toute influence extérieure. Les matchs de football doivent se gagner sur le terrain, pas dans les instances sportives » . C’est pourtant bien ce qu’a tenté de faire l’OM devant la commission, avec un objectif clair avant le combat : la victoire sur tapis vert, comme l’annonçait le directeur de la communication Jacques Cardoze avant la lutte, à RMC : « L’OM ne peut que demander les 3 points, d’abord parce que c’est la jurisprudence, ensuite parce que si la sanction sportive est équivalente aux deux clubs, cela signifierait que le casseur et la victime sont placés sur le même plan » .
Un juste milieu fragile
Concrètement, le club olympien a axé sa défense sur deux points. Un : l’élément déclencheur, à savoir le jet de bouteille dont Payet a été victime, dont l’énergie cinétique (estimée à 74,05 joules) équivaut à « la chute verticale d’une boule de pétanque de 5,2 mètres de haut » et est « supérieure à un tir de flash-ball de 40 mètres » . Ça ne s’invente pas. Deux : la propension de l’OM – mené 1 à 0 à l’arrêt du match à la 75e – à renverser les situations dans le dernier quart d’heure. Pour cela, les dirigeants olympiens avaient inclus un bilan statistique qui expliquait que sous Sampaoli, 39% des buts olympiens étaient inscrits dans ce dernier quart d’heure, pour un total de 13 points pris après la 75e minute. Côté Niçois, on arguait que l’envahissement de terrain et l’échauffourée n’étaient pas la raison du refus marseillais de reprendre le match, mais qu’il s’agissait d’un prétexte, tout en assumant la part de responsabilités concernant les jets de bouteilles et le-dit envahissement.
Le club azuréen a d’ailleurs d’ores et déjà pris les mesures pour empêcher de nouveaux incidents, en investissant dans des filets. D’un point de vue sportif, Christophe Galtier et ses ouailles répétaient à l’envie avoir « remporté » ce match. Comme si rien ne s’était passé. Tard dans la soirée, la commission de discipline de la LFP a finalement opté pour un entre-deux sage, parvenant à rester sur le fil de l’acceptable pour les deux camps, restés silencieux après l’annonce des sanctions. En retirant un point ferme à l’OGC Nice tout en ne donnant pas la victoire sur tapis vert à l’OM, la Ligue évite de créer une jurisprudence fâcheuse. Les suspensions fermes d’Alvaro et Pablo Fernandez, et avec sursis de Payet se chargent elles de ne pas léser l’OGCN. Quant au match, donné à rejouer sur un terrain neutre à huis clos, dans son intégralité, il permettra aux deux camps de ramener les débats là où ils auraient dû rester : sur le terrain.
Par Adrien Hémard