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Ce mardi soir, à Lyon, le sourire sur le visage de Karim Benzema à la 60e minute de jeu valait bien tous les mots du Grand Robert ou du Larousse. À ce moment précis, les Bleus ne viennent pas de marquer, non, ils viennent de régaler, et surtout de s’éclater en récitant leur partition dans un mouvement à trois entre Griezmann, Benzema et Martial, avec un minimum de touches de balle dans les petits espaces laissés par des Finlandais obligés d’admirer le ballet, avant de souffler un bon coup en voyant le premier cité manquer le triplé en frappant juste à côté de la lucarne de Hrádecký. Puis ce sourire, donc, de Benzema, comme pour faire comprendre que les Bleus étaient cette fois dans le vrai après avoir eu tout faux (ou presque) contre la Bosnie et l’Ukraine. Ce n’était qu’un match, ce n’était que la Finlande, 56e au classement FIFA et éliminée en phase de poules à l’Euro, mais c’est une évolution qui a le mérite d’exister.
« Le mot, c’est plaisir »
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance pour la France, qui a joué les vingt premières minutes avec la trouille au ventre au Groupama Stadium. Pas ou peu de pressing, une fébrilité défensive toujours aussi inquiétante et les mauvais souvenirs du 3-5-2 – sorti du placard par Deschamps pour la première fois depuis cette soirée de juin contre la Suisse – ont resurgi. Puis les Bleus sont redevenus les Bleus, laissant la peur de côté et se décidant à jouer ensemble. L’ouverture du score de Griezmann à la 25e minute au bout d’un autre joli mouvement a libéré tout le monde après cinq rencontres d’affilée passées à concéder le premier but de la partie. « On respire mieux après ce match, sur le plan comptable, ça fait du bien. Le mot, c’est plaisir. Même si au début, on a senti que l’équipe était crispée, a confirmé Lloris sur la chaîne L’Équipe après la victoire. Au fur et à mesure, on a repris confiance. En deuxième période, on a vu un beau visage de l’équipe de France, on aurait même pu en marquer un troisième. Ça fait du bien. » La bande de Deschamps a pris du plaisir contre la Finlande, elle en également donné un peu, et cela faisait trop longtemps que ce n’était pas arrivé pour ne pas le souligner.
Les comportements et les visages, encore une fois, n’ont pas trompé. La contraction des zygomatiques n’était pas réservée à Benzema, de retour chez lui devant près de 60 000 supporters en tribunes, mais à tout le monde. À Lyon, il y a eu beaucoup de sourires, de la complicité (Griezmann-Benzema), de la décontraction (Dubois, Hernandez) et surtout des cadres à la hauteur pour la première fois depuis le début de ce rassemblement. « On avait conscience du contexte, on a aussi cette responsabilité vis-à-vis des jeunes, il faut montrer l’exemple, a enchaîné Lloris. C’est une manière de préparer leur avenir. Je crois également qu’on n’a pas envie de revenir dans le rang. On était arrivé à un niveau très haut, ce n’est pas le moment de lâcher. » Il est trop tôt pour parler d’une soirée fondatrice, surtout après un triptyque plus inquiétant qu’encourageant, mais il est rassurant de constater que les champions du monde n’ont pas perdu leur orgueil et que cette équipe, même amoindrie, dispose de quelques grands talents. Tout ne changera pas en un claquement de doigts, le sacro-saint « résultat » n’aura d’ailleurs pas mis longtemps à être mis en avant par Deschamps au moment de se présenter face à la presse. D’ici la Coupe du monde 2022, où la France défendra son titre, on aimerait plutôt que le mot plaisir soit, comme ce mardi soir, la cause du résultat plutôt que sa conséquence.
Par Clément Gavard